Alyssa est une série BD gag que j’ai dessiné entre 2012 et 2016. Nous avions réalisé un 1er dossier de cette idée de “Petite Génie” dès la fin de Yessika Voyance, qui fut refusé en son état peu abouti (une Alyssa au chara design bien différent, plutôt blonde et “Lou”-esque…). C’est Audrey Alwett, contactée un peu au hasard d’un détour de blog, qui s’est ensuite intéressée au projet et nous l’a réellement accouché – elle a fait un vrai travail éditorial de peaufinage visuel pour créer une identité visuelle forte à notre héroïne, et trouver un rendu “jeunesse” agréable et attractif. C’est sur ses conseils que nous avons cherché une coloriste pour rejoindre l’équipe, Virginie Blancher, qui a sû bien mieux que moi établir une palette acidulée et pêchue.
Alyssa c’est cette pré-ado diagnostiquée HPI qui confronte son intelligence “supérieure” et ses facultés d’analyse au monde du collège. Elle a deux ans d’avance pour son âge, et en début de tome 1 sa famille vient de déménager – elle décide donc de profiter de son nouvel établissement scolaire pour se créer une nouvelle identité : cacher son statut de “zèbre” et se débarrasser de l’étiquette “intello” en se faisant passer pour “normale”.
Ce pitch nous a valu quelques retours passablement dubitatifs voire franchement offensés de quelques blogs de parents d’enfants HPI…
Isabelle est une super scénariste et chercheuse, et si la série pose de gros clichés c’est pour mieux les ébrécher ensuite. Alyssa est un cas exacerbé, se sentant différenciée par sa surdouance et sa folle tignasse rousse, mais les problémariques des jeux d’intégration et d’identité sociale, des altérités qu’on ne sait pas bien si on doit les dissimuler ou s’en draper, et des conflits en amitié et premières amourettes, ce sont des expériences adolescentes quasi-universelles.
Isabelle en a profité pour faire un chouette travail de vulgarisations scientifiques pour jeune (et moins jeune !) lectorat, lorsqu’Alyssa étale son savoir à coup d’anecdotes et d’études véridiques – très ludiques à illustrer.
La série a été arrêtée avec le tome 4, stoppant net une évolution dynamique des personnages hors d’un statu-quo infini de série gag, mais nous avions eu – graces en soient rendues, encore une fois, à Audrey Alwett – un peu de temps pour anticiper le couperet et arriver à une fin pas trop avortée, luxe que toutes les séries BD annuléés n’ont pas.
J’ai pris beaucoup de plaisir avec les rencontres de jeunes lectrices – là, le féminin l’emporte par KO statistique – que m’ont valu ces albums ainsi que des interventions scolaires. C’est presque un jolie mise en abime – Alyssa n’est jamais devenu un bestseller, ni son héroïne la fille la plus populaire du bahut, mais la série s’est fait quelques amitiés véritables et importantes.